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Djurdjura Club de Boghni

histoire de la ville de boghni

DCBoghni 0 ESTimezrit 1:Defaite amére des montagnards.

2 Décembre 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni

Rien ne va plus pour cette équipe du DCB a cause de ses joueurs qui ne savent pas encore maitriser leur sujet lors d'un match.aucune vision de jeu ni d'anticipation.ca joue comme dans un match de quartier!!!

le comble c'est qu'on se crée des occasions mais personne n'arrive méme a cadrer son tir.à la fin du temps reglementaire un attaquant des visteurs porta l'estocade et nous gratifia d'un joli but.pour boghni et ses supporters vivement l'an prochain,et tout ce beau monde à la casse.

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Histoire de Tizi Ouzou : L'indélébile présence turque

20 Avril 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni

Histoire de Tizi Ouzou : L'indélébile présence turque PDF Imprimer
Écrit par Administrator   
Jeudi, 18 Septembre 2008 10:58

Racines-Izuran N°17 : 05 au 18/02/2007 Histoire de Tizi Ouzou : L'indélébile présence turque

La présence turque à Tizi Ouzou a marqué de son empreinte l'ensemble du paysage sociologique de toute la région environnante. Les traces du passage turc restent présentes dans toutes les manifestations sociopolitiques et culturelles des Kabyles qu'on appelait alors les Zouaoua.

 

Néanmoins, l'on ne peut évoquer cette présence sans une rétrospective de l'histoire de ces majestueuses montagnes à l'ère de l'apparition sur les côtes maritimes de Bougie (en 1512) des deux corsaires Barberousse, Arroudj et Khair-eddine. Car, même si en ces temps, les noms de ces derniers sont beaucoup plus liés à l'histoire médiévale de la ville d'Alger, il n'en demeure pas moins que leurs succès sur ceux que l'on appelait à l'ère de la décadence de la civilisation musulmane les chrétiens, c'est-à-dire les Espagnols et les Génois qui harcelaient les ports nord-africains sont, à l'origine, obtenus avec le soutien des contingents kabyles.

Après la prise de Djijelli (Jijel) par les Génois conduits par André Doria en 1513 et l'échec des deux frères Barberousse dans leurs tentatives de libérer Bougie de la mainmise des Espagnols, le gouverneur hafside de Tunis chargea le nommé Sid Ahmed Oulkadi, faisant partie du gouvernorat de la même dynastie à Bône, de partir pour aider les deux corsaires turcs. La volonté des kabyles de se libérer des Chrétiens renforçait de plus en plus leur attachement aux frères Arroudj et Khair-Eddine. En dépit de leurs vaines tentatives de libérer Bougie, les Turcs tirèrent tout de même une réputation à travers le littoral nord-africain. Leur notoriété parvenait jusqu'à Alger, qui se trouvait alors sous la menace constante des espagnols, établis au Penon. Ainsi donc, Salim Ettoumi leur fit appel pour éloigner ce danger qui guette l'ancienne forteresse des Beni Mezghenna en l'an 1516. Alger reprise après maintes batailles contre les Espagnols, Arroudj, après avoir fait tuer Salim Ettoumi, se proclama nouveau roi. En quelques années, son pouvoir s'étendit jusqu'au massif du Chelif, avec la prise du port de Ténès. C'est alors qu'il devint indispensable d'organiser l'administration de tout ce royaume. A l'issue de guerres et de batailles livrées ensemble, la reconnaissance et le respect réciproques entre le corsaire turc et la famille des Belkadhi se renforcèrent et se solidifient davantage. Ce fut ainsi, comme le signale Si Amar Boulifa, que la province orientale, comprenant la grande Kabylie, fut, en récompense des services rendus, confiée à Si Ahmed Ou Elkadhi, qu'il ne cessa, par sympathie, de combler d'honneurs. Après l'avoir traité en prince au long de son séjour à Alger, Arroudj ramena pompeusement en Kabylie le chef zouaoui dans son pays d'origine où il lui fixa désormais sa résidence1.

Depuis, la résidence des Oulkadhi qui donnèrent naissance à un petit royaume connu sous le nom de Koukou, demeura dans le village Aourir de la tribu des Aït Ghobri. Cependant, la présence turque ne commença pas avec l'avènement du royaume de Koukou, fondé par la famille des Oulkadhi, mais elle s'affirma plutôt concrètement avec un semblant de présence militaire, marquée par la construction d'un poste d'observation. Vers 1640, les Turcs, qui occupaient déjà la vallée des Issers, pénétrèrent dans la vallée du Sébaou. Las des combats que leur imposaient les contingents turcs, les Amraouas finirent par concéder l'édification d'un poste d'observation sur le “Col des genêts“, à quelques encablures de l'actuelle ville de Tizi -Ouzou. Mais, parvenus aux frontières des tribus des montagnes qui surplombent le Oued Sébaou, ces derniers tentèrent de construire un autre petit fort en 1715 à Thazaghart, près de Timizart Loghbar. Mais, l'emplacement était mal choisi car sa proximité avec la montagne des Aït Ouaguenoun le rendait très vulnérable. Aussi ne tarda-t-il pas à être enlevé et saccagé par ces derniers qui le voyaient d'un mauvais œil.2

Naissance de la ville de Tizi Ouzou

Les historiens qui ont eu à se pencher sur l'histoire de cette ville ne mentionnent pas une quelconque existence de centre urbain au sens aussi rudimentaire, attirant un semblant d'intérêt. Avant l'apparition du fait Turc en Kabylie avec la domination du royaume de Koukou qu'ils implantèrent, les populations n'étaient vraisemblablement établies que sur les montagnes et les vallées avoisinantes. Il n'a, également, jamais été établi que ce fut cette arrivée sur les lieux qui donna naissance à la capitale actuelle du Djurdjura. La seule certitude est que le nom de Tizi Ouzou ne sera connu des chroniqueurs qu'à partir de l'installation des Turcs sur le col dont il prendra le nom.3

Les habitants de Tizi Ouzou

A l'arrivée des Turcs, la vallée du Sébaou était d'une part scindée en deux grandes tribus, les Amraoua Fouaga (Oufella) et les Amraouas Tehhata (Bwadda). D'autre part et aux côtés de ces regroupements urbains constitués de populations d'origines diverses, les montagnes avoisinantes étaient occupées par des autochtones. A l'origine, le pouvoir des Belkadhi, puis celui de leurs successeurs, les Aït Boukhtouche, soutenus par la régence, c'est-à-dire le pouvoir central d'Alger incarné par le caïdat du Bordj Sabaou à Tadmaït, faisait régner l'ordre. En décidant de combattre l'anarchie, ces représentants du déilikat implantèrent des postes de surveillance qui attirèrent des gens de différentes régions. Les nouveaux venus étaient pour la plupart originaires des tribus d'alentours ; d'autres parmi lesquels de nombreux arabophones, venant d'assez loin. Ce sont ces gens-là, des classes et d'origines différentes, qui constituèrent les noyaux des futurs villages des Amraoua.4 Leur nom provient même du fait qu'ils avaient été les premiers à peupler la vallée car traduit littéralement de l'arabe Ammara signifie peupler. Le rôle de ces populations ne faisait que croître atteignant son apogée durant le règne du bey Mohammed dit Edebbah, allié par un mariage aux Aït Boukhtouche d'Aourir. Répartis en deux grands groupes, les Amraoua tehhata qui occupaient la vallée des Issers étaient représentés par la grande famille des Aït Mahieddine de Taourga tandis que les Amraoua Fouaga, qui jetaient leur influence sur l'autre côté du Sébaou, faisant face aux montagnes des Aït Ouaguenoun, étaient représentés par la puissante tribu des Aït Kaci à Tamda sur les plaines des Aït Ouaguenoun.

Venus des Ouled Bellil à Bouira, les ancêtres des Ouled Mahiedine furent d'abord l'objet de sanction pour avoir tué un chaouch. Seul Mahieddine sortit indemne en trouvant refuge chez les Aït Ouaguenoun. Quelques temps après, ils furent refoulés par crainte du pouvoir central mais ils trouvèrent refuge chez les Aït Irathen. Les Aït Kaci quant à eux tiraient leur origine de la puissante tribu des Beni Hasballa du Hodna qui quittèrent la Qalâa des Beni Hammad à M'sila.5 Tout au début, ils vinrent s'installer aux Aït Flik mais, rejetés par les Aït Boukhtouch, ils s'installèrent à Semghoun chez les Aït Ouaguenoun qui eurent déjà, comme cité plus haute, accueilli les Ouled Mahieddine. A la création du caïdat du sébaou, Hemmou Ouhenda, leur chef de file vient s'installer à Tamda pour ainsi étendre la domination de la famille des Aït Kaci sur toute la région pendant toute la période turque qui s'en suivit et jusqu'aux débuts de la conquête française. A l'évidence, les populations gravitant autour du (pour) … Bordj turc du Titteri n'étaient pas exclusivement constituées de ces deux groupes puissants. Au fait, parmi ces regroupements fortement hétérogènes, naissait les descendants des mariages stratégiques entre les Turcs et les femmes kabyles : les koulouglis. Aux côtés de ce brassage se constituaient également des colonies nègres qui servaient de source de main d'œuvre et concentrées dans les zones à vocation agricoles comme celle de Chamlal près du confluent de Oued Aïssi, ainsi qu'à Boghni. Contrairement à ce que l'on puisse penser à première vue, le fait turc ne s'est pas restreint uniquement à la ville actuelle de Tizi Ouzou où le premier poste d'observation a été bâti en 1640 mais, il s'étend sur toute la région de Kabylie et bien plus à toute l'Algérie. Bien que les montagnards du Djurdjura furent les derniers à être soumis par le pouvoir ottoman, il n'en demeure pas moins que se sont ces mêmes populations qui furent les premières à faire appel à leur force militaire pour les libérer de la domination européenne incarnée par les Génois et les Espagnols. Les liens entre les Kabyles et les turcs étaient serrés bien avant l'établissement à Alger des frères Barberousse. Cependant, à la lumière des évènements déjà relatés, il devient aisé de constater que malgré ce brassage, il s'en distingue un constat éloquent. Toutes les grandes tribus qui ont à gouverner dans cette région n'ont pas vu leur pouvoir émaner de la population autochtone, mais bien du gouvernement central d'Alger. D'abord, les Belkadhi, bien que leur ancêtre qui, selon les historiens, était originaire des Aït Ghobri, de la région des Aït Djennad, il n'en demeure pas moins que ce fut pour services rendus qu'ils ont été placés par les Turcs depuis Alger pour étendre leur gouvernorat dans la région. Ce ne sera pas, idem, le pouvoir de leur branche successive, les Aït Boukhtouch, qui en fera exception. Bien au contraire, ce furent leurs liens étroits avec les Turcs qui en feront leur force.

Le mariage d'une de leurs filles avec le bey Mohamed dit Edhebbah6 renforça leur position, en ayant aussi le même résultat pour ce représentant du pouvoir central qui fut le plus connu de tous les Beys établis à Tizi Ouzou. Les Aït Kaci, les Aït Mahieddine et bien plus tard des Amraouas ne furent que des tribus Makhzen au service du deïlikat d'Alger et qui vont servir de relais aussi au pouvoir des français qui reprendront l'organisation turque. Pour leurs supplétifs, les officiers français reprirent les dénominations de Caïd, Agha et Bachagha avec pour finalité de reproduire les mêmes personnages et, avec eux, les mêmes chaînes de soumission dans les plaines.7 Les populations autochtones sont demeurées dans leurs villages altérant tantôt obéissance à l'autorité de ces tribus, tantôt révoltes rapidement étouffées vu le rapport de force largement oscillant au coté des alliés des Turcs. Du point de vue sociologique, l'objectivité d'un tel phénomène s'avère grandement établie. Le mode de gouvernance chez ces populations regroupées dans des villages coupés les uns des autres non seulement ne favorisait point l'émergence d'une branche capable d'étendre son pouvoir mais, l'interdisait catégoriquement. La Thajmaath qui était une forme de gouvernance démocratique pratiquée en Kabylie ne pouvait pas s'étendre à l'extérieur des frontières d'un village. Porté à la tête du douar démocratiquement par l'ensemble des villageois ayant atteint l'âge d'assister aux réunions, l'Amin ne pouvait point prétendre gouverner au-delà des frontières de son village car tous les autres villages adoptaient le même mode de gouvernance. Ce pouvoir que lui confèrent les siens ne pouvait pas demeurer entre ses mains ou éventuellement être transmis à sa progéniture car les successions de père en fils sont contraires aux mœurs kabyles. Celles qui ont existé à certains moments de l'histoire de la Kabylie, ont résulté de leur accointance avec le gouvernement central conquérant, en place à Alger8. Cette accointance est demeurée sans influence sur cette organisation villageoise même pendant le règne des Turcs avec les tribus qui se sont succédées dans les montagnes du Djurdjura.

La présence turque à Tizi Ouzou

Le passage du pouvoir Ottoman à Tizi Ouzou ne peut pas être abordé objectivement de la date de l'édification du poste d'observation qui allait enclencher la dynamique d'une présence effective, militaire, administrative et par conséquent sociologique. Avant la date de 1640, ils passèrent par les côtes kabyles avec l'aide des Belkadhi pour libérer Alger des Espagnoles. La force militaire des frères Barberousse était alimentée par des contingents kabyles. Ce furent les liens de cette grande tribu

avec ces périodes de conflits et celles de grande complicité qui allait donner un sens à la présence turque qui allait marquer le pays des Zouaouas jusqu'à nos jours. Au coté des familles de descendants Turcs qui se sont relativement fondus dans la population kabyle actuelle, les marques de ce passage et de cette présence demeurent encore indélébiles. La période de colonisation française de plus d'un siècle bien qu'ayant apporté son lot de transformations n'a pas pu effacer cette présence pour deux raisons essentielles. De prime abord, les liens étroits tissés par les représentants de la régence avec les familles influentes des Amraoua ont engendré des générations qui se sont fondues dans le tissu social kabyle. Puis, vient le rôle de la stratégie d'implantation française qui a maintenu le même système de gouvernement élaboré par leurs prédécesseurs. Cette présence se manifeste par l'existence encore de nos jours de leurs édifications dans tous les domaines. Jusqu'à présent, le plus grand marché hebdomadaire de la wilaya rappelle encore ce passage.

L'arrivée aux commandes du bey Ali Khoja en 1720 allait donner une dynamique de développement et d'organisation jamais atteints durant le règne Ottoman. Ce haut fonctionnaire était un guerrier et un administrateur hors pair9. Pour instaurer son autorité, il organisa les villages des Amraoua en makhzen, mot qui désigne une force armée non régulière composée de cavaliers rémunérés. Le Bordj Boghni était également l'une de ses réalisations dont les vestiges demeurent encore vivants. Son règne fut le propulseur de l'implantation des colonies ou les zmala, mot qui signifie littéralement en arabe camarade, de Abid Chamlal à quelques kilomètres de la ville de Tizi Ouzou ainsi que la zmala de Boghni. Si de nos jours, le plus grand marché hebdomadaire de la région se trouve à Tizi c'est en effet grâce au bey Ali Khodja. Au coté du marché implanté à Baghlia, il dota les Amraoua Fouaga d'un autre marché situé, au début, à Draa Ben Khedda. C'est ce marché qu'on appelle jusqu'à nos jours Sebt El Khodja mais, qui se trouve aujourd'hui à Tizi Ouzou. Son nom le tient de la journée du samedi, jour choisi pour se tenir et le nom de son fondateur. Notons également que le bey Mohamed Ben Ali, dit Edhebbah, originaire de Blida mais, qui étudia dans la zaouïa de Sid Ali Moussa à Maatkas, qui vint en 1737, après Ali Khodja réussit à instaurer une paix et une sécurité qui étaient inconnues jusqu'alors. Son personnage incarnait la terreur et l'autorité. Le surnom «Edhebbah» lui provient du fait qu'il réussit à exterminer les malfaiteurs. A chaque fois qu'un bandit tombait entre ses mains, il l'exécutait immédiatement en lui tranchant la gorge.10 Toutefois, cette affirmation de rôle positif se trouve contredite par Younes Adli pour qui Ben Ali instaura la terreur dans la vallée afin de réaliser son vieux rêve de soumettre la Kabylie. Cette méthode de gouvernance lui valut le nom de Edhebbah.

La présence turque bien qu'elle fut moins soumise aux turbulences dans les centres urbains qu'ils dominaient n'est pas pour autant passée sans conflits souvent sanglants. Depuis les débuts de leur expansion dans les montagnes, les cavaleries ottomanes se sont heurtées aux résistances farouches des Kabyles. Avant de se soumettre, les Aït Boukhtouch ont livré de rudes batailles contre les forces de Ali Khodja. Si Ahmed Ou Ali Boukhtouch, qui fut peut-être le dernier de sa lignée à s'opposer, les armes à la main, à la mainmise des Turcs sur la vallée du Sébaou, livra bataille à Ali Khodja à Draa Ben Khedda. A leur deuxième bataille au lieu dit Bou Illzazen aux Aït Fraoucen, les Boukhtouch allaient être définitivement soumis11. La résistance était tout au long de cette présence constante. La Kabylie n'a jamais été totalement pacifiée. De ses débuts, à son apogée et jusqu'à son déclin, le pouvoir de la régence n'aura su qu'alterner périodes de paix relative aux trêves et traités signés avec les tribus montagnardes et insurrections contre ses représentants dans la vallée du Sébaou.

Notes : 1 Si Amar Boulifa : Le Djurdjura à travers l'histoire p73 2 Mohamed Seghir Feredj : Histoire de Tizi Ouzou. P34 3 Mohamed Seghir Fredj : Histoire de Tizi Ouzou. P 34 4 Mohames Seghir Feredj : Histoire de Tizi Ouzou. P 32 5 Mohamed Seghir Fredj : Histoire de Tizi Ouzou. P 46 6 Si Amar Boulifa : Le Djurdjura à travers l'histoire. P 171 7 Younes Adli : La Kabylie à l'épreuve des invasions. P 101 8 Younes Adli : La Kabylie à l'épreuve des invasions. P45 9 Mohamed Seghir Feredj : Histoire de Tizi Ouzou. P35 10 id 11 Mohamed Seghir Feredj : Histoire de Tizi-Ouzou. P 35

 

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Dda Ali....un combat,un homme,un heritage

17 Avril 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni

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Quel est le plus bel hommage qu’on puisse rendre au révolutionnaire de la première heure et à l’humaniste hors pair que fut Ali Zamoum appelé affectueusement Dda Ali ?

La population de Kabylie et les enfants du Djurdjura ont su perpétuer la mémoire de leur homme en héritant de ses plus beaux idéaux et en continuant le travail qu’il a amorcé avec tant d’amour et de dévouement. Consacrant sa jeunesse à combattre pour l’indépendance du pays et sa retraite au service des plus démunis, Ali Zamoum, qui demeure un repère pour de nombreux militants, a fondé le 5 septembre 1996, dans une période des plus sombres de l’histoire de l’Algérie indépendante, l’association socio-caritative "Tagmats", un mot lourd de sens dans un pays livré aux déchirements les plus atroces. Fidèles au serment qu’ils ont prêté à Ali Zamoum comme l’a fait lui-même un certain 1er Novembre devant la déclaration éponyme, les membres de l’association Tagmats, auxquels se sont jointes des figures emblématiques de la région, ont relevé le défi d’apaiser les souffrances des malades et de leur rendre le sourire, faisant ainsi de ce groupe l’un des plus actifs au niveau national.

Tagmats, 12 ans de dur labeur et beaucoup de larmes séchées

Célébrant le 12e anniversaire de la création de Tagmats commémorant le 4e anniversaire de son président fondateur Ali Zamoum, une cérémonie rassemblant les membres de l’association, les médecins et les pharmaciens apportant une grande assistance en matière de prise en charge des malades sans ressources et l’ensemble des bienfaiteurs, sans lesquels l’association n’aurait pu réaliser de tels exploits. Cette rencontre qui instituera à coup sûr une dynamique d’action sociale digne des valeurs et principes de nos aînés et créera un cadre d’expression de la fraternité et de la solidarité permettra d’initier des opérations d’aide et d’entraide envers ceux défavorisés et qui se trouvent dans le besoin. S’étalant sur deux journées, les 28 et 29 août, plusieurs activités marqueront cette célébration, à commencer par un recueillement au carré des martyrs de Tizi n’Tleta avec le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe où repose Dda Ali. Une action de solidarité sera menée à l’hôpital de Draa El Mizan qui, rappelons-le, a eu droit à plusieurs dons de l’association et un prix de mérite institué il y a deux années, pour récompenser une personnalité qui a marqué l’année par sa générosité. Le prix Ali Zamoum 2008 sera décerné à un bienfaiteur de l’Algérois qui a ouvert son cœur et les portes de sa maison aux démunis. Il est à signaler que l’association Tagmats se bat au quotidien et a entrepris plusieurs actions au profit des pauvres et des malades telles la réception de plusieurs centaines de lunettes de vue en provenance de France par l’intermédiaire de Tagmats Europe Algérie avec une priorité pour les écoliers, circoncision collectives et individuelles d’enfants, collecte d’argent pour les femmes nécessiteuses de la région et distribution de médicaments et de matériels médicaux et transport de malades par ambulance offerte par le CHU de Grenoble par l’intermédiaire des Médecins du Monde. Un projet cher à Dda Ali qui s’est démené pour sa réalisation et a pu enfin voir le jour à travers la construction d’un dispensaire à Helouane, un hameau reculé au pied du Djurdjura. Le coup de starter des travaux donné en 2006 par la veuve Zamoum a été fort en émotion et a constitué une très belle preuve de fidélité de ses enfants qui ont mené à bien son projet.

De l’action militaire

Né le 29 octobre à Boghni, Ali Zamoum a été dès son jeune âge en contact très étroit avec les militants du mouvement national, dont son frère aîné Mohamed alias le colonel Si Salah. Doté d’un patriotisme inégalable, il est passé de simple sympathisant à militant, chef de cellule, chef de groupe puis chef de kasma de la région au sein du PPA MTLD. Responsable d’une des six régions que comptait la Kabylie, Ali Zamoum homme de confiance de Krim Belkacem, reçoit de ce dernier la déclaration du 1er Novembre dont il a eu la charge de la reproduire en plusieurs exemplaires. Alors âgé de 21 ans seulement, Ali Zamoum s’acquitta de sa tâche et assura comme prévu le tirage et l’expédition du document vers les destinations indiquées. Arrêté au maquis et condamné à trois reprises par le tribunal militaire d’Alger et incarcéré dans plusieurs prisons d’Algérie et de France il partagea la cellule de nombreux condamnés à mort à l’instar de Ahmed Zahana auquel il était très lié et qui fut guillotiné le 9 juin 1956 à la prison de Serkadji. Occupant après l’Indépendance le poste de responsable militaire à Bordj Ménaiel, il ne tarda pas à le quitter pour se consacrer à des actions civiles.

…à l’action civile et sociale

Estimant que le serment du 1er Novembre est accompli et mettant les armes de côté après la libération du pays du joug colonial, Ali Zamoum, le militant à l’énergie débordante ne se mettra pas au repos et servira encore son pays en assurant plusieurs fonctions au sein de l’administration centrale. Il a été nommé directeur du centre d’éducation surveillée de Birkhadem puis a pris de la première maison d’enfants "le château Holden." Il fut désigné également préfet de Tizi Ouzou, directeur du complexe textile de Draâ Ben Khedda, directeur de l’Institut des hydrocarbures de Boumerdes et enfin directeur de la formation au ministère du Travail et des Affaires sociales. A la retraite, Dda Ali fera son retour au village natal, et demeurer proche du petit peuple et à l’écoute de ses semblables. Il tentera de rendre hommage à ses frères de combat en préservant leur mémoire de l’oubli. Dans cette optique, il a alors entrepris des recherches et a rédigé des biographies plus ou moins approfondies pour certains d’entre eux, a effectué des démarches administratives auprès des autorités afin de rétablir les vrais moudjahidine dans leurs droits et il est même allé jusqu’à solliciter les services concernés de baptiser les infrastructures au nom de ces maquisards. Toujours dans cette volonté de dépoussiérer l’histoire de la Guerre d’Algérie, Ali Zamoum a initié et contribué à la réalisation de monuments et stèles d’anciens compagnons d’armes et animé des conférences traitant du mouvement national à la demande de plusieurs associations culturelles ou de jeunes. Encouragé par Kateb Yacine, il a écrit un livre intitulé Tamurt Imazighen. Mémoires d’un survivant 1940-1962. Ne pouvant s’empêcher de répondre au cri du cœur et à l’appel de détresse des démunis et des malades,il s’inscrira dans l’action sociale et créera en 1996 avec un groupe d’amis une association à vocation sociale et humanitaire et contactera plusieurs de ses connaissances installées en France en leur proposant de créer également une association caritative à Paris. Ce qui se réalisera en février 1998 sous l’appellation Tagmats Solidarité Europe. Quatre ans après sa disparition, l’âme de Dda Ali plane toujours sur Tagmats et étend ses ailes protectrices pour guider ses enfants à redonner le sourire aux milliers de malades. L’image du fondateur de Tagmats, au volant de sa fourgonnette, sillonnant les ruelles des villages les plus reculés de la Kabylie , demeure encore vivace dans les esprits, désormais marqués à jamais. En dépit de son absence physique, la seule évocation de Ali Zamoum, témoignent les membres de l’association, agit tel un passe-partout qui réussit à attendrir les cœurs les plus endurcis et à ouvrir les porte-monnaies des plus réticents… merci Dda Ali !

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Mouloud Gaid:Les noirs en kabylie"Akwlan"

16 Avril 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni

 

 Noirs en Kabylie (Mouloud GAÏD)

Le Caïd Mohamed Ben AIi connu sous le nom de Mohamed Debbah fit venir 400 noirs du Sud qu’il établit à Tala N’Zouia (Boghni) en 1746. Dotés de chevaux et d’armes, ils participèrent aux collectes d’impôts et aux opérations militaires. [25] Le Dey Ibrahim Pacha autorisa ses Caïds à attribuer des terres domaniales à ces nouvelles recrues. Ceux-ci s’y établirent avec leurs familles créant ainsi des mouls Abid. Dans le Sébaou, on les installa au sein de la tribu des Ait Amraoua, entre le confluent de l’Oued Aïssi, et l’oued Amraoua, au pied du Djebel Baloua. Cette colonie se divisa bientôt en trois fractions : Tazmalt n’Bou Khoudmi, Tazmalt n’Kaâ-ou-Meraï, Tazmalt n’Taba Othman.

 

Dans la région d’Akbou, la colonie noire fut installée près du passage de Chabet-EI-Ahmeur. Les colonies noires prospérèrent tant que les Turcs y demeurèrent puissants. Certains de leurs chefs épousèrent des femmes kabyles d’origine très modeste recherchant protection et sécurité pour elles-mêmes et pour leurs proches souvent étrangers à la tribu locale. À la longue ; il se constitua une catégorie de population fort métissée qui s’intégra progressivement à la population autochtone.

 

La chute des Turcs obligea la grande majorité d’entre eux à chercher refuge et protection ailleurs. Ils émigrèrent ou se dispersèrent dans la région pour offrir leurs services aux puissantes familles locales. Ceux de la grande Kabylie, furent admis chez Belkacem ou Kaci de Temda el Belat, Mohand ou el Hadj de Taguemount ou Aamrouche.

 

Ceux d’Akbou furent engagés par Ourabah qui les cantonna à Ighil Alouan dans les Ait Tamzalt ; par Mohand-Ou Châbane qui les établit à Tighilt-Amérian dans les Fenaïa ; par Mohand-Ou Chalal qui les installa à El Flaye dans les Béni-Oughlis ; par Ben Ali Chérif qui les mit au service de sa zaouia de Chellata. On leur donna des noms rappelant leurs origines : Ould Abid ; Aberkane ; Berkane ; Lekehal ; Akli.

 

 

 

 [24] A partir de 1625-1626. la famille Bel Kadi (ancien roi de Koukou) est connu sous le nom de Oulad Bou Khettouch. Les descendants de Bou Khettouch existent encore à Tamda, à Djemâa Sahridj et à Souama, ils disposent d’un certain nombre de documents attestant cette ascendance. La fille de Amar Bel Kadi Ben Khettouch marié avec Si Chérif Boutouch des Aït Boutouch de la tribu des Aït Idhourar eut un fils qui devint plus tard Caïd du Sebaou et Bey du Tittri. Ses descendants s’étaient établis à Blida. Revue africaine T7, p. 293 p.8, p.365

 

[25] Le Caïd Mohamed Ben Ali fut appelé Mohamed Debbah (l’égorgeur) en raison de sa cruauté. Il fit égorger, dit-on, plus de 1200 kabyles, faits prisonniers au cours des campagnes dans la région.

 

 

GAID Mouloud_Les Beni-Yala.jpgMouloud GAÏD

Extrait de "HISTOIRE DE BEJAÏA ET DE SA RÉGION" depuis l’antiquité jusqu’à 1954

 

Éditions MIMOUNI 1976

 

 

Les noirs en Kabylie furent introduits par les Turcs en les admettant comme auxiliaires auprès de leurs garnisons de janissaires en Kabylie.

 

Le Caïd turc de la Basse Kabylie, Ali Khodja, pour parer aux attaques incessantes de Si Ahmed Ben Ali Ben Khettouch [24], fit renforcer le Bordj de Tazarart et y installa une colonie de nègres (1720) appelés Abib-ou-Chemlal ramenés du Sud

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Ali Zamoum:tamurth imazighen

16 Avril 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni

Ali Zamoum est né le 20 octobre 1933 à Boghni (Tizi Ouzou). Fils d’un des premiers instituteurs de la localité, il rejoint, avec son frère Mohamed (futur colonel Si Salah), l’école primaire de Boghni. Ali quitte l’école à l’âge de 11 ans. De retour au village Ighil Imoula, il fréquente les jeunes militants du Mouvement national, dont son frère deviendra au début des années 1950 secrétaire du centre municipal.

Ce dernier sera arrêté en 1953 pour avoir fourni au parti nationaliste de la logistique appartenant à l’administration coloniale. Après un an de prison, il sera libéré au moment de la préparation de la guerre d’indépendance. Fin octobre 1954, Ali Zamoum reçoit de Krim Belkacem un texte qu’il devait « reproduire en millier d’exemplaires ».

C’était la Proclamation du 1er Novembre. Le texte a été tiré à Ighil Imoula, qui fut ainsi le premier village à entrer en guerre contre l’occupant français. Au maquis au-lendemain du tirage de la Proclamation, Ali Zamoum sera arrêté en février 1955 à l’issue d’un accrochage dont a réchappé un groupe de résistants, dont les deux futurs colonels Ouamrane et Si Salah.

Ali Zamoum sera condamné à mort et incarcéré dans une dizaine de prisons, en Algérie et en métropole. Ses sept années d’incarcération, passées sous la hantise de l’exécution de la peine, seront consacrées essentiellement à la lecture et il découvrira des auteurs proches des mouvements révolutionnaires. A l’indépendance, il quitte l’Armée nationale (ALN), considérant que « le serment de l’Indépendance du pays a été accompli ».

Il sera nommé le premier préfet de Tizi Ouzou, mais ne restera pas longtemps à ce poste. Quelques années plus tard, il occupera des postes de responsabilité au sein de l’administration centrale, notamment au ministère du Travail, à partir duquel il soutiendra le travail de Kateb Yacine dans le cadre de « l’action culturelle des travailleurs ». À la retraite, Ali Zamoum mettra en place à Boghni l’association Tagmats qui œuvre dans le domaine de la l’action sociale. Il est l’auteur de Tamurt Imazighen. Mémoires d’un survivant 1940-1962, éditions Rahma, Alger, 1993.

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L'émir abdelkader à boghni

9 Mars 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni


L’Emir Abdelkader en Kabylie ( ISSER) (1838-1839)

Préparé dès 1803 par Napoléon 1er pour contrôler la Méditerranée et damer ainsi le pion à l’Angleterre qui avait aussi des visées d’occupation des « pays barbaresques », le plan de débarquement des troupes françaises à Sidi Fredj, le 14 juin 1830, ne fut mis en oeuvre par Charles X que près de trente ans plus tard.
Cette invasion n’avait certainement pas son origine dans un soi-disant « coup d’éventail » qu’aurait donné le dey Hussein au consul français Deval lors d’une entrevue au sujet d’un contentieux portant sur du blé vendu à la France par la Régence à l’époque de la Révolution.
Les motifs étaient bel et bien de coloniser une riche contrée « non loin des côtes de France » et de dominer la Méditerranée face à l’hégémonie ambitieuse de l’Angleterre (1). Cependant, bien que la Régence ait été sérieusement affaiblie par le déclin de l’Empire ottoman, le débarquement d’une armée forte de plus de 35 000 hommes près d’Alger se heurta à la réaction vigoureuse des populations qui se mobilisèrent spontanément pour résister à l’invasion. Les tribus de la Mitidja et de la Kabylie se portèrent sur le champ de bataille pour renforcer les troupes du dey, notamment lors de la bataille de Staouéli.
Les populations paysannes venues renforcer le corps des Janissaires. Mal entraînés aux batailles frontales, armés de quelques vieux fusils, de yatagans et de flissas, sans entraînement militaire aucun, ils ne pouvaient faire face, malgré leur bravoure et leurs sacrifices, à une armée expérimentée, technologiquement plus avancée et maîtrisant parfaitement l’art de la guerre.
L’armée du dey, ou son semblant, mal préparée pour résister à une des meilleures armées d’Europe, de surcroît mal commandée par un parent du dey décrit comme incompétent et timoré, dut céder en quelques jours, après un baroud d’honneur, ouvrant ainsi la voie à la reddition de la ville, de son dey ... et du trésor de la Régence, au général de Bourmont le 5 juillet 1830. La résistance populaire ne cessa point cependant. Ainsi, lors de l’expédition menée par l’armée d’occupation pour la prise d’Oran, les chefs de tribus mobilisèrent les populations pour résister à l’envahisseur. Le jeune et futur Emir Abdelkader, accompagnant au combat son père El Hadj Mahieddine, se serait distingué par son sang-froid et son audace lors de la
défense de la ville (2) .
Devant l’ampleur de l’épreuve à laquelle il fallait faire face, El Hadj Mahieddine mesura le désarroi des populations et leur peine. Ainsi, quand les chefs des Hachem, des Béni Amer, des Garaba et des autres tribus offrirent à Hadj Mahieddine la lourde charge d’Emir pour mener la lutte contre les troupes d’occupation, il déclina cet honneur en raison de son âge et proposa son jeune fils pour diriger la résistance. Le 22 Novembre 1832, dans la plaine d’Eghris, Abdelkader fut élevé au rang de chef par toutes les tribus de la région. Le jeune Emir savait qu’il venait d’être investi d’une charge lourde de responsabilités. Sa première mission, la plus urgente et non des moindres, consistait à réaliser l’unité nationale afin de faire face à un adversaire puissant et bien armé.

Il n’était point facile, en effet, de taire les dissensions entre tribus, les égoïsmes et les querelles qui déchiraient les populations, longtemps sous-administrées et livrées à elles-mêmes. Il devait vaincre les résistances de certains chefs de tribu dont les comportements féodaux et les compromissions leur faisaient rejeter toute tentative d’unité nationale et de résistance à l’occupant. L’Emir n’avait alors d’autre voie que le recours à la force - procédé qu’il n’appréciait guère pourtant- pour châtier les collaborateurs, fussent-ils puissants, comme ce fut le cas du caïd de Bethioua qui commerçait avec l’occupant en lui vendant des chevaux (3).

La réputation de sagesse et de justice du jeune Abdelkader, ses qualités de chef, dépasseront bientôt l’ouest du pays pour gagner toute l’Algérie. Ainsi, comme l’écrivit plus tard un officier français au sujet de l’Emir : « Si l’on avait contesté l’empire universel à l’élu de quelques tribus, on sentait peu à peu l’importance d’y laisser parvenir celui qui se montrait, à l’oeuvre, digne en effet de commander sur tous. » (4).

De fait, l’influence d’Abdelkader s’étendit très rapidement à tout le pays, et notamment en Kabylie, on l’on s’inquiétait vivement de la présence à Alger des troupes françaises. Les tribus de la région envoyèrent à l’Emir un messager en la personne d’El Hadj Ali Ould Sidi Saïd des Aït Khalfoun, pour solliciter son appui et lui faire part de leur désir
de combattre sous son autorité. Abdelkader conféra le titre de khalifa à El Hadj Ali et le chargea de porter des messages aux chefs des tribus, notamment à celui des Flissa (Iflisen Umlil) , El Hadj Ben Zamoum et à Belkacem Ou Kaci de la tribu des Amraoua, pour leur annoncer sa prochaine visite et leur demander d’apporter, en attendant, un appui effectif à son khalifa désigné. El Hadj Ali revint donc en Kabylie en 1837, escorté par une colonne de l’Emir composée d’une vingtaine de cavaliers (5).

Un an plus tard, El Hadj Ali retourna vers Abdelkader pour lui faire part des résultats de sa mission et lui signaler, notamment, le traitement qu’il a dû subir auprès de quelques tribus arrogantes des Koulouglis (métis issus de mariages mixtes entre autochtones et Turcs), établis à l’est de la Mitidja, qui refusèrent de reconnaître son autorité. Ce qui rendait ces tribus coupables aux yeux de l’Emir, c’était la collaboration ouverte qu’elles entretenaient avec l’occupant, bravant les ordres qu’il avait donnés de ne point commercer avec l’ennemi.
L’attitude de défiance de leur caïd El Bayram, irrita Abdelkader au plus haut point. L’Emir se présenta donc en Kabylie avec une armée régulière de cavalerie et d’infanterie et installa son camp pour un temps à Bordj Bouira. Quand les tribus apprirent que l’Emir conduisait ses troupes en personne, toutes se présentèrent à lui pour accueillir l’homme dont l’aura avait gagné tout le pays. Dans sa magnanimité, il accorda le pardon aux tribus Koulouglis dissidentes afin de renforcer les rangs de la résistance et chargea ses lieutenants de ramener les fuyards en les assurant de son pardon (6).

L’Emir proposa le commandement du Sebaou à Belkacem Oukaci chef des Amraoua. Ce dernier déclina avec respect cet honneur en indiquant à l’Emir que dans l’état de guerre qui sévissait, le premier rôle devait revenir, comme de tradition, aux chérifs ; il suggéra à l’Emir de conférer le titre de Khalifa à Si Ahmed Ben Salem qui appartenait à la noblesse et déclara qu’il se contenterait, pour sa part, du second rang.

L’Emir, favorablement impressionné par l’humilité de Belkacem Oukaci, fit alors appeler Si Ahmed Ben Salem qu’il investit devant le public du titre de Khalifa en le revêtant d’un burnous et en faisant jouer la musique en son honneur (7). Ahmed Ben Salem appartenait à la tribu des Béni Djaâd ; cette dernière était étroitement liée à la tribu des Béni Yala. Les Béni Djaâd étaient assez puissants en nombre et pouvaient réunir une armée forte de 2 600 fusils. Ahmed Ben Salem était alors âgé d’une quarantaine d’années. Sa force morale et sa piété étaient reconnues de tous selon les témoignages de l’époque ; les tolbas le citent comme un homme instruit, laborieux et plein de dignité dans ses manières ; les guerriers vantent sa prudence au conseil, sa bravoure dans le combat et son habilité à manier un cheval (Cool.

Au nord des territoires des Béni Djaâd, se trouvait le vaste territoire montagneux des Iflisen Umelil sur lequel commandait la famille Ben Zamoum.. D’après la légende, le qualificatif d’ « Umlil» attaché aux Iflisen, qui signifierait « enfants de la nuit », viendrait de combats nocturnes très audacieux qu’ils livraient aux Turcs, combats autour desquels ils leurs détruisirent plusieurs camps (9). Des l’annonce de l’arrivée de l’Emir en Kabylie, El Hadj Ben Zamoum se rendit à sa rencontre ; Abdelkader l’investit aussitôt du titre d’Agha des Iflisen, des Maâtka, des Ait Khalfoun, des Nezlyoua, des Guechtoula, des Ait Aziz et des autres tribus situées sur son territoire. Quant au commandement de Ben Salem, il fut complété par un remaniement opéré par l’Emir ; il détacha l’Aghalik des Béni Slimane du Beylik de Médéa et l’adjoignit au Sebaou puis ces dispositions prises, et après avoir prescrit l’établissement d’un poste a Bordj Sebaou, Abdelkader recommanda encore une fois aux différents aghas d’accorder aide et obéissance à son Khalifa Ben Salem, puis il retourna dans l’Ouest (10).
En 1839, Abdelkader visita une seconde fois la Kabylie accompagné de cent cavaliers. Ben Salem le rejoignit à Bordj Hamza où il campait, le conduisit dans sa famille à Bel Karoube et lui offrit l’hospitalité (11). C’est à l’occasion de cette deuxième visite que I’Emir, accompagné par son Khalifa, parcouru de long en large toute la Kabylie, se rendant à l’Est jusqu’à Béjaïa, et à l’Ouest, à Thenia, non loin d’Alger déjà occupée depuis le 5 juillet 1830. De Bel Karoube, Ben Salem accompagna Abdelkader à Bordj Boghni et à Sidi Ali Moussa. « Tous les habitants surent bientôt que l’Emir Abdelkader, le ‘’jeune sultan’’ qui avait fait aux chrétiens une guerre acharnée », était chez eux. La présence d’un tel homme dans leurs montagnes fit une vive sensation, et les Maâtka, les Guechtoula, les Ait Zemenzar, les Ait Abd El Moumen, les Ait Aïssi, et les Iflisen vinrent le visiter .... La tente de l’Emir était pressée par les Zouaoua qui
le regardaient avec des yeux éton-nés ; aucun d’eux toutefois n’osait y pénétrer ; les moins indiscrets, accroupis à l’entour, en relevaient les bords pour voir sans être vus ....(12). De Sidi Ali Moussa, l’Emir se rendit à Bordj Tizi Ouzou chez les Amraoua où il passa la nuit. Il partit ensuite pour Dellys, accompagné par Sid Abd er Rahman, lieutenant et parent de Ben Salem(13).

A Dellys, Abdelkader aurait fait remarquer à son compagnon que la place ne présentait aucune sécurité contre une éventuelle invasion des troupes d’occupation. Daumas rapporte l’anecdote suivante d’une conversation entre l’Emir et Sid Abd er Rahman (14) : « Comment pouvez-vous vous résoudre à habiter une ville du littoral ? Quant à moi, je n’y passerais pas une nuit sans me faire bien garder de crainte d’être surpris par les chrétiens. » Sid-Abder-Rahman répondit qu’il y restait sans inquiétude, parce que, aux dires des gens du pays, deux marabouts, Sidi Soussan et Sidi Abdelkader, protégeaient la ville contre les attaques des infidèles, l’un du côté de la terre, l’autre du côté de la mer.
Etiez-vous présent, demanda l’Emir à Sid-Abd-er-Rahman, lorsque ces marabouts firent les promesses sur la foi desquelles vous dormez ?
Non.
Eh bien, négligez ces propos populaires, puisque rien ne peut s’opposer à la volonté divine. Prenez donc vos précautions. Nous ne devons avoir aucune confiance. La paix ne peut durer. L’Emir aurait ajouté : « Envoyez vos bagages à la montagne, et ne laissez ici que votre famille et votre cheval. » (15). Après son séjour à Dellys, Abdelkader alla visiter le marabout de Bou Berrak, situé dans le pays des Ouled-Si-Omar-el-Cherif ; il y déjeuna et alla passer la nuit à Haouch-el-Nahal, chez les Issers. Les chefs de ces tribus vinrent l’y trouver ; il les engagea à transporter tous leurs effets sur les points culminants, et surtout à ne pas laisser leurs grains dans la plaine, mais à les enfouir dans des silos sauvages. Il donna les mêmes conseils à toutes les tribus qui campaient dans les vallées. « Ne croyez pas, leur disait-il, à la continuation de la paix ; bientôt elle sera rompue. » (16) Lors de sa visite aux Issers, l’Emir se rendit au
marabout de Bou-Mendass (Boumerdès ?), auprès d’EI-Djebil. C’était un pic élevé d’où il pouvait découvrir Alger. Il se fit donner sa longue vue et sonda la ville avec soin, s’informant de tous les points et recueillant des observations minutieuses sur le pays qui s’offrait à ses yeux(17).
L’Emir continuant son périple, se rendit chez les Béni Aïcha, fraction des Khechna. Il y fut bien reçu et force coups de fusils furent tirés en signe de réjouissance. Comme on pensait qu’il y passerait la nuit, on lui prépara la diffa (repas des invités de marque) mais à la tombée du jour il partit, et alla coucher à Bou-el-Ferad. Le lendemain, on le vit de bonne heure à Tamdiret chez les Iflisen où se trouvait le camp de Ben Salem (18). Apres son séjour chez les Iflisen où il aurait passé deux jours et deux nuits, il se rendit à Sidi Naâmane, chez les Amraoua. Les gens de l’Oued Neça (Oued Sebaou ?) vinrent lui offrir des présents considérables qui consistaient en figues, huile, cire et savon. Il manifesta ensuite l’intention de se rendre chez les Zouaoua et de pousser ensuite jusque sur les hauteurs de Béjaïa(19). Les chefs des Amraoua et des Flissa
l’accompagnèrent à Tamda, près de Ras Oued-el-Neça. De là, il se rendit à Akbou, puis chez les Sidi-Yahya-bou-Hatem, au-dessus des Ait-Ourghlis, ensuite chez les Toudja, de là chez les Tamzalet, patrie de la famille des Ouled-ou-Rabah ; il se rendit ensuite chez les Beni-bou-Messaoud, enfin chez les Sidi Mohammed-ou-Maâmeur, sur la Soummam, en face de Béjaïa (20).

Pendant toute la durée de sa visite, l’Emir fut l’objet d’un accueil exceptionnel, fidèle en cela aux coutumes et traditions des peuples de la région. Daumas en donne encore le témoignage suivant : Pendant tout le trajet, Abdelkader fut bien traité ; plus d’une fois il eut à subir une très importune quoique très généreuse hospitalité. A peine arrivé au gîte, de nombreux Kabyles, tête nue et le bâton à la main, venaient lui présenter la diffa de leur pays, énormes plats en terre (djefena) remplis de couscous et parsemés de quelques morceaux de viande sèche et prièrent leur hôte de manger dans leur djefena ; pour ne pas faire de jaloux, Abdelkader fut ainsi forcé de toucher aux plats sans nombre dont il était entouré (21).
Après sa visite aux tribus de la Soummam, sur le chemin du retour, Abdelkader se rendit à Khelil-ou-Iguefes et dut coucher chez les Beni-Brahim. La, Ben Salem le quitta après avoir reçu ses instructions et s’en retourna chez lui avec le chef des Flissa, El Hadj Ben Zamoum. L’Emir arriva à Bordj el Bouira, en passant derrière les monts Djurdjura. Il parcourut en longueur et en largeur la plaine de Hamza, et disparut bientôt en s’enfonçant dans le Gharb (22). L’empreinte laissée par l’Emir dans l’esprit des populations de la région durant sa visite ne s’estompa qu’au fil des générations. A la qualité de l’accueil qui lui fut réservé, la dimension humaine, religieuse et militaire de son auguste personne fut reconnue de tous, comme en témoignent des écrits sur
cette période héroïque de la résistance nationale. Son autorité fut obéie par l’ensemble des tribus durant ses années de lutte et jusqu’à sa reddition en 1847.
Tel fut l’accueil qu’Abdelkader, aux plus beaux jours de sa puissance, reçut dans les
montagnes de Kabylie. Pendant ce court trajet, il avait su se faire apprécier des fiers et
énergiques montagnards. La simplicité et la pureté de ses moeurs, son affabilité, sa piété, sa science, sa brillante réputation de guerrier, son éloquence de prédicateur, tout en lui saisissait.
Aucun de ceux qui purent le voir et l’entendre n’échappèrent à cette influence. Des poètes en firent le sujet de leurs chants (23). Ainsi devait écrire à son sujet, non sans un sincère respect, le colonel Daumas, officier français, chef du Bureau arabe d’Alger, qui connaissait bien l’Emir pour l’avoir maintes fois combattu.
Rupture du traité de la Tafna et reprise de la guerre. Les multiples recommandations de l’Emir, lors de sa visite en Kabylie, le fait qu’il répéta à plusieurs reprises aux chefs de tribu que la guerre ne tarderait pas à reprendre, n’était point dues à une appréciation hasardeuse de la situation. C’est que tout indiquait à l’Emir que les Français ne cherchaient qu’à gagner du temps pour mieux se préparer à la reprise des
hostilités. En effet, tout au long de la période qui suivit la signature du traité de la Tafna le 20 mai 1837, les autorités d’occupation attendaient de choisir le moment propice pour dénoncer l’accord de paix et continuer la conquête. En cela l’Emir n’était pas dupe ; il utilisa à bon escient les précieux moments de répit que lui laissait la trêve et s’employa au mieux à préparer les populations à une guerre qu’il savait dure, porteuse de deuils, contre un ennemi décidé à utiliser toute sa puissance. Le général Bugeaud, signataire du traité de paix avec Abdelkader, savait que le document était porteur des germes du désaccord et que la reprise des hostilités n’était qu’une question de temps.
Il aurait déclaré, dans une allocution qu’il prononça à Paris devant la Chambre en 1838 :
« Beaucoup a été dit sur les imperfections du détail du traité. J’avoue franchement qu’il y en a certaines, mais je pense que leur importance a été exagérée. Il y a seulement une qui peut avoir des conséquences, c’est l’expression "aussi loin que l’oued Keddara et au-delà. » Ce mot veut dire aussi loin que la province de Constantine. Cette expression est certainement vague ; mais on doit se rappeler que j’étais pressé par le temps. Un vapeur m’attendait. Il était impératif de décider soit de continuer la guerre, soit de signer la paix (24). Les versions arabe et française du traité de la Tafna différaient sur l’interprétation des limites du territoire reconnu aux Français dans la province d’Alger. Le document français mentionnerait dans son article 2 que
« la France déclarait posséder, dans la province d’Alger : Alger, le Sahel, la plaine de la Mitidja, s’étendant à l’Est aussi loin que l’oued Keddara et au-delà (25). En fait, le terme « au-delà » de la version française était transcrit « faouk » dans la version arabe, mot qui veut dire « au-dessus ». Ce litige a fait l’objet de discussions entre Abdelkader et le Maréchal Valée qui assumait, depuis le 30 novembe 1837, les fonctions de gouverneur général d’Alger. Le maréchal, ayant consulté Paris, on lui répondit : « Par les mots ’’oued Keddara, et au-delà’’, il faut comprendre tout le territoire dans la province d’Alger qui va au-delà de l’Oued Keddara jusqu’à la province de Constantine ... » (26).
Lors d’un de ses entretiens avec Valée, Abdelkader lui tint ces propos : « J’ai cédé le territoire jusqu’à l’oued Keddara à l’Est, et aussi loin que Blida incluse, vers le Sud. L’expression ’’aussi loin que l’oued Keddara’’ doit avoir un sens. Autrement pourquoi aurait-elle été insérée dans le traité ? Si elle signifie quelque chose, cela veut dire que vous êtes limités à l’Est comme à l’Ouest » (27). Quant au terme « au-delà », le mot arabe est "faouk" ; traduit comme vous le faites en ’au-delà’ ne signifie rien du tout. Faisons une expérience : prenez vingt arabes que vous choisirez vous-même et demandez leur le sens du mot « faouk ». S’ils vous répondent que le sens naturel de ce mot peut signifier, même en sous entendu, le même sens qu’ « au-delà » j’accepterais votre interprétation. Prenez alors tout le territoire entre l’oued Keddara et la province de Constantine. Mais au contraire, s’ils déclarent que le mot « faouk » que vous
traduisez « au-delà » réellement et strictement veut dire « au-dessus », acceptez la proposition que je vous fais. Cette proposition est de vous donner comme limite vers l’Est, la crête des montagnes qui se dressent au-dessus de l’oued Keddara(28) .
Le maréchal déclina la proposition. Valée ne cherchait-il pas un prétexte ? Les intentions du gouvernement de Paris étaient déjà bien arrêtées. Dans une correspondance en date du 1er mars 1839, le ministre de la Guerre écrivit au maréchal Bugeaud en ces termes : Abdelkader est l’appui matériel et moral de toutes les résistances que nous rencontrons. Tant qu’il subsistera, il sera l’espoir de la nationalité arabe et nous verrons l’antipathie mahométane se perpétuer contre nous ; il faut donc lui faire une guerre patiente et opiniâtre ....(29). L’Emir avait besoin de faire durer la paix encore quelques temps pour parfaire l’organisation du pays à laquelle il s’était attelé. C’était à l’époque des discussions au sujet de la limite Est des possessions françaises, qu’Abdelkader visita la Kabylie. Il y installa une organisation militaire et
avertit les populations de l’imminence de la reprise de la guerre. Il rallia à lui les tribus de la région de Constantine et plaça sous son autorité tout le territoire entre l’oued Keddara et Constantine. Valée savait que l’Emir était dans son droit. Comment alors contourner la difficulté ?
Il profita du passage à Alger d’un ambassadeur de l’Emir — Miloud Ben Arouch — de retour de France où il fut envoyé par l’Emir auprès de Louis Philippe pour expliquer au souverain sa position sur la question de l’interprétation du traité de la Tafna. Le maréchal Valée fit pression sur Ben Arouch pour lui faire apposer son sceau sur une version amendée du Traité. Ben Arouch déclara qu’il n’était ·pas autorisé par l’Emir à négocier. Sous les pressions, il finit par céder et donna son aval personnel au document de Valée. Il déclara cependant au maréchal que son point de vue n’engageait pas l’Emir. Abdelkader se trouvait à Takdempt le 10 janvier
1839. C’est là qu’il apprit de Ben Arouch ce qui s’était passé à Alger. Abasourdi par ce qu’il venait d’entendre et hors de lui, il déclara en colère : « Jamais ! Jamais je ne ratifierais une convention qui donnerait à la France une terre qui servirait de voie de communication entre Constantine et Alger et perdrait ainsi tous les avantages de la situation qui les circonscrit dans une zone limitée par la mer, la Chiffa, et les sommets de l’Atlas au dessus de l’oued Keddara » (30).
L’Emir, avec patience, devait, dès lors faire face à toutes les provocations. Ses agents, installés dans les places occupées par l’armée française au terme d’un accord, furent ignorés ou humiliés. Les populations qui voulaient le rejoindre pour y vivre sous son administration furent rudement traitées et détenues à l’intérieur des lignes françaises. Un charron qui travaillait pour l’Emir à Alger fut chassé par l’armée d’occupation. Un autre, représentant d’Abdelkader, un Français qui s’occupait de l’importation d’équipements industriels pour le compte de l’Emir, fut arrêté, jeté en prison et renvoyé en France (31). Les plaintes d’Abdelkader auprès des autorités françaises au sujet de toutes ces brimades reçurent une suite porteuse des intentions du gouvernement de Paris : il fut en effet répondu à l’Emir que le maréchal Valée était investi d’une
autorité illimitée et pouvait faire ce que bon lui semblait (32). Même le consul de l’Emir auprès du Gouverneur général à Alger, un Italien du nom de Garavini, ne fut point épargné. Garavini était également agent consulaire à Alger pour les Etats-Unis d’Amérique. Il faut souligner à ce propos qu’à l’époque, il était courant que les représentants accrédités auprès de puissances étrangères cumulent plusieurs charges ; ils n’étaient pas forcément citoyens du pays dont ils
représentaient les intérêts. En cela donc le choix se conformait aux pratiques du moment et n’avait rien de particulier. Garavini se vit décharger de sa mission par le maréchal Valée sans qu’au préalable Abdelkader eut été informé. Il s’agissait là d’un cas de violation flagrante de la souveraineté de l’Emir contre laquelle il protesta avec énergie, mais en vain.
Valée, voulant obtenir la ratification par l’Emir de l’accord arraché à Miloud Ben Arouch, envoya le commandant De Salles en février 1839 voir Abdelkader dans son quartier général à Miliana. Le maréchal était convaincu qu’il pouvait arriver à rallier l’Emir à l’interprétation française du traité de la Tafna. Abdelkader avait réuni, à l’occasion de la visite du commandant De Salles, tous ses khalifas et les fit assister à l’entrevue. Pour convaincre De Salles que sa position était celle de tous ses lieutenants, il demanda au conseil de décider, en sa présence, de la suite à donner à la démarche de l’envoyé du maréchal Valée. La réponse fut unanime : il n’était pas question de céder sur l’interprétation du traité dans sa version arabe ; tous les khalifas
exprimèrent leur volonté, au besoin, de reprendre les armes plutôt que de céder sur ce point (33). De Salles rendit compte des résultats de sa mission à son chef. Abdelkader écrivit à Louis Philippe pour l’informer de la situation ; mais dans le même temps, il y eut changement de gouvernement en France. Il n’y avait pas d’espoir donc d’attendre une quelconque réponse dans le climat politique trouble qui sévissait alors à Paris.
Quelque temps plus tard, le duc d’Orléans arriva en Algérie. Il prit part à l’expédition dite des « Portes de Fer » dont le but était une démonstration de force, une façon claire de signifier à l’Emir que les Français passaient outre au contenu de l’accord de la Tafna. Cette expédition avait été préparée de longue date. Elle devait joindre Mila à Alger. Le maréchal Valée, accompagné du duc d’Orléans, partit de Mila le 18 Octobre 1839 en direction de Sétif avec une colonne forte de 5 000 hommes. Dans le même temps, il créa une diversion en envoyant un contingent qui fit semblant de marcher sur Béjaïa. Les populations se précipitèrent pour assurer la protection de la ville, mais sa mission accomplie, le contingent rebroussa chemin et rejoignit la colonne principale commandée par le duc d’Orléans et le maréchal Valée. Celle-ci arriva à
Sétif le 21 octobre. Valée, pour tromper les chefs de tribu des contrées qu’il traversa, avait fabriqué un sceau au nom de l’Emir dont il revêtit des sauf-conduits également faux, affirmant ainsi, à ceux qui l’interrogeaient, que son expédition avait reçu l’aval d’Abdelkader. La lenteur des communications à l’époque et la difficulté de rentrer en contact avec l’Emir, qui était alors quelque part dans l’ouest du pays, explique la réaction tardive de son khalifa à la violation du traité par le maréchal Valée (34). Le duc d’Orléans, Valée et son armée traversèrent ainsi tranquillement le territoire des Beni-Mansour et, le 31 octobre, atteignirent le col de Ben Heni.
Ben Salem, khalifa de l’Emir en Kabylie, entre temps averti de l’approche de la colonne et pris au dépourvu, ne pouvait organiser une attaque d’envergure. Tout au moins fit-il tirer une salve d’honneur contre les troupes de Valée, partagé qu’il était entre le doute quant à l’authenticité de
l’accord qu’aurait donné l’Emir, et son devoir qui lui commandait de barrer le passage.
L’événement fut relaté ainsi : Le khalifa lança, chez toutes les tribus voisines, l’ordre
d’attaquer... Des Khachna, des Beni Khalfoun vinrent tirer quelques coups de fusil aux environs du pont de Ben-Hini.
Ben Salem envoya en même temps un message à l’Emir pour l’informer de la violation du territoire et attendit la réponse (35). Abdelkader, informé, ne tarda pas à réagir : En quarante huit heures, chevauchant jour et nuit, l’Emir atteignit Médéa ; le 4 Novembre il envoya le message suivant au maréchal Valée : « Nous étions en paix et les limites entre votre territoire et le mien étaient clairement définies, quand le fils du roi (duc d’Orléans) décida de se rendre de Constantine à Alger ; et cela a été fait sans me demander le moindre accord, sans même expliquer les raisons d’une telle violation de territoire. a rupture est de votre fait. Pour que vous n’ayez pas à m’accuser de trahison, je vous avertis que je me prépare à reprendre la guerre. Préparez-vous également. Avertissez vos voyageurs, vos garnisons, vos postes, en un mot,
prenez les précautions que vous jugeriez nécessaires(36). Il donna des instructions à tous ses khalifas pour les informer de la reprise des combats. Au khalifa de la Kabylie, Ben Salem, il écrivit en ces termes : « La rupture vient des chrétiens. Votre ennemi est devant vous, retroussez comme il faut vos vêtements, et préparez-vous au combat. De toutes parts le signal de la guerre est donné ; vous êtes l’homme de ces contrées.
Je vous ai placé là pour en fermer les issues. » « Gardez-vous de vous laisser troubler ; serrez votre ceinture et soyez prêts à tout. Grandissez-vous à la hauteur des événements, apprenez surtout la patience et la persévérance et que les vicissitudes humaines vous trouvent impassible. Ce sont des épreuves : Dieu les envoie ; elles sont attachées au destin de tout bon musulman qui s’engage à mourir pour sa foi et couronnera notre part de la victoire, s’il plaît à Dieu. Salutations de Abdelkader Ibn Mahieddine » (37). La trêve venait d’être rompue. La guerre durera encore huit ans. Elle ne prendra fin qu’en 1847.
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Les turcs à boghni

9 Mars 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com Publié dans #Histoire de la ville de boghni

Avant l'occupation Turque de la ville de Dellys en 1517-1518 par Kheir-eddine et de la ville d'Alger (1516), les Iflisen Umlil contrôlaient une partie du littoral allant de la rivière Sebaou jusqu'aux environ de Boumerdes , et les plaines de la Mitidja. Entre le Sebaou et l'Isser, il y avait 5 Aarchs sur le littoral composés de Isser el Widan, Isser Ouled Smir, Isser el Djediane, Isser Draoua et Zemoul.

Les Iflisen Umlil étaient ainsi pris en tenailles par les Turcs d'Alger et de Dellys qui progressivement vont les refouler dans le triangle qu'ils occupent aujourd'hui. Selon le témoignage de Hadj Aïssa (né vers 1795) de Tighilt Bugni (recueilli par Couvignon vers 1890), tout le triangle des Iflisen Umlil était une forêt vierge. Devant la pression turque, les Iflisen y avaient trouvés refuge.

Après la mort du Bey Mohamed en 1754, la confédération des Iflisen Umlil et celles de la caïdat de Boghni se soulevèrent contre le pouvoir turc. Le 16 juillet 1756, les Kabyles attaquent et détruisent le Bordj de Boghni, tuent le caïd Ahmed, et chassent les Turcs de cette garnison vers Alger. Le 25 août 1756, ils attaquent le Bordj de Bouira. Il a fallu trois colonnes turques, celle du chérif Agha, celle du Bey Softa de Titery, et cella du Bey de Constantine pour venir à bout de cette première insurrection initiée par les Iflisen Umlil. Une deuxième insurrection fut menée par les Iguechtoulen (At Smaïl) et At Sedka vers 1818, qui détruisent la garnison turque de Boghni (reconstruite auparavent).

En 1767, les Iflisen Umelil se mettent à nouveau en insurrection et refusent de payer l'impôt au Makhzen d'Alger. Les chefs des Iflisen Umlil étaient alors Khelif U-Buzid (amin des At Mekla), Hassan U-Rafa3 (amin des Iraf3en), Lhusin N Zamum (amin des At Amran). L'armée turque composée de 1 100 hommes (turques et goums arabes) fut anéantie.

Humilié par les Iflisen Umlil, le pacha d'Alger Mohamed ben Osman envoya l'année suivante (1768), l'armée la plus imposante qui eût encore opérée en Kabylie. Les Beys de Titery, d'Oran, et de Constantine reçurent l'ordre d'amener toutes leurs forces dans la région des Iflisen Umlil. La guerre éclata alors entre les Turcs et les Iflisen Umlil ; ce fût l'une des plus terribles guerres que cette confédération a due subir pour garder son autonomie. Ils avaient infligé une défaite désastreuse à l'envahisseur turque : 1200 Turcs et 3 000 Arabes furent tués. Son armée fut aux trois quarts décimée, et perdit les plus braves de ses guerriers, tel que l'agha El-Ourlis, le cheikh El-Arab el Hadj ben Gana, le cheikh du Bellezma Ferhat ben Ali, de la famille du caïd Cherif ben Mançour, Bel Kassem ben Merah, un des principaux chefs de la zmala et bien d'autres. Ces détails montrent bien l'importance de la défaite qu'avaient essuyée les Turcs devant les Iflisen.

Cependant Mohamed ben Osman avait fait opérer le blocus du pays des Iflisen, au moyen des postes (bordj) entourant de tous côtés leur triangle montagneux et il parvint ainsi à la réduire à la famine. Ce blocus, qui non seulement empêchait les convois de grains d'arriver dans la montagne, mais encore empêchait de cultiver les terres autre part que dans la montagne, força les Iflisen Umlil à conclure un traité de paix en 1769. Ce traité de paix a été signé par le Chef des Iflisen Umlil : Lhusin N Zamum. Il avait installé son azib au lieu qu'on appelle encore aujourd'hui "L'Azib n Zamum" (Ex. Haussonvillier actuellement Naciria). Pendant de longues années, Lhusin N Zamum sut maintenir la paix avec les Turcs et ce n'est que 25 ans après la conclusion du traité, que nous voyons de nouveau les Iflisen en insurrection.

par L'Hocine Ukerdis
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