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Djurdjura Club de Boghni

Hannibal : le cauchemar de Rome

3 Juin 2011 , Rédigé par dcboghni.over-blog.com

A l’aube du troisième siècle avant l’ère chrétienne, le monde méditerranéen était dominé, en grande partie, par deux puissants Etats rivaux : Rome et Carthage. La première avait étendu son emprise sur l’Italie et quelques territoires en Europe, alors que la seconde était déjà reconnue comme la maîtresse de la mer Méditerranée occidentale, de ses côtes et de ses îles qu’elle disputait à la Grèce, autre puissance maritime qui imposait, surtout, son influence sur les contrées orientales de cette mer.

Contrairement aux Romains et aux Carthaginois, les Grecs (ou Hellènes) étaient minés par leurs rivalités internes, car divisés en plusieurs Etats-nations qui se jalousaient de façon constante, s’alliaient entre eux pour contrer d’autres Grecs et guerroyaient sans interruption la plupart du temps.
A l’ouest, Rome, fondée en 753 av. J.C., avait mis en place une organisation politique et militaire d’une rare efficacité, solide et durable et qui lui permis de dominer la péninsule, en balayant tout sur son passage, jusqu’à empiéter sur les terres carthaginoises et provoquer le conflit appelé les guerres Puniques.
Entre-temps, sur le versant méridional de la mer Méditerranée, se développait cette grande métropole, Carthage, fondée, elle, par des Phéniciens venus de Tyr (Liban) et emmenés par la princesse Elissa Didon, vers 814 av. J-.C., au nord-est de la Tunisie actuelle.
Très rapidement, cette ville portuaire connut un essor remarquable et devint probablement la plus grande cité de l’époque et habitée, selon des historiens, par un million d’habitants (chiffre certainement exagéré). Sa richesse, elle la tirait d’un arrière-pays riche, de sa position géographique, de son commerce, des tributs que lui payaient ses villes-colonies dessiminées un peu partout, de l’exploitation des métaux, en particulier le cuivre, le fer et l’étain des lointaines contrées (Maroc, Espagne, Portugal, Angleterre et dans plusieurs îles). Seul point faible : Carthage ne possédait pas une armée nationale, mais employait des milliers de mercenaires de différentes nations, et parmi eux, les Numides et leur cavalerie qui n’avait pas son pareille et jouissait d’une renommée incontestable. Cette situation lui a été fatale durant son conflit avec les Romains, conflit qui connut trois phases et appelé les guerres Puniques.
Hamilcar Barca et la première guerre Punique
(264-241 av. J-.C)
A l’aube du 3e siècle avant l’ère chrétienne, les deux grandes villes antiques étaient si développées qu’un conflit armé était à craindre pour l’une ou pour l’autre et les départager. Jusqu’alors, elles entretenaient des relations cordiales, faisant face aux Grecs qu’elles voulaient évincer de la région. Leurs ambitions devaient nécessairement les conduire à une confrontation directe d’autant plus que les Carthaginois, forts de leur emprise maritime, avaient pris pied dans les îles de la mer Tyrienne, la Sardaigne et la Sicile, très proches des côtes italiennes. Rome, jeune Etat fort et ambitieux, rêvait d’en découdre avec sa rivale pour s’emparer de toutes ses possessions et imposer sa suprématie sur le Bassin méditerranéen et sur tous les territoires alentours.
Un obscur conflit en Sicile entre des protagonistes locaux (l’un et l’autre allié à Rome, d’une part, et à Carthage, d’autre part) amena la guerre entre les alliés d’hier, et ce fut le déclenchement de ce qui fut appelé les guerres Puniques (du latin punicus qui signifie carthaginois ou une altération du mot phénicien).
Cette première phase dura 23 ans et se déroula en Sicile et en mer. Curieusement, la ville du Latium, puissance terrestre et sans expérience maritime, parvint à vaincre sur son terrain la maîtresse des mers qu’était Carthage qui dut se résigner à quitter la grande île après une série de défaites subies par sa flotte (notamment durant les premières années) à Mylae (260) et à Ecnome (256). Les Romains portèrent, alors, la guerre en Afrique du Nord par leur général Régulus qui subit une défaite cuisante à Utique (grand port, au nord de Carthage) et un statu quo militaire s’imposa aux deux belligérants, durant lequel émergea Hamilcar Barca.
Le père d’Hannibal parvint à redresser une situation dramatique (de 249 à 241) et défait ses adversaires plusieurs fois mais ne put éviter le désastre de la bataille navale des îles Aegates (241) qui mit fin à une guerre désastreuse et ruineuse, surtout pour la cité punique qui se résigna à signer un traité humiliant et à reporter ses efforts d’agrandissement dans la péninsule ibérique.
Mais le héros de cette guerre fit jurer à ses enfants, surtout Hannibal, de prendre la revanche sur Rome ultérieurement, quand sa patrie aura repris des forces suffisantes et sera capable d’écraser son éternelle rivale.
Hannibal, héros de la seconde guerre Punique
(218-201 av. J-.C)
Avant de poursuivre cette modeste narration de l’un des plus grands conflits de l’Antiquité, consacrons quelques lignes à ce héros de notre contrée que fut Hannibal. Celui-ci appartenait à une famille illustre de Carthage où il est né vers -247 quand son père guerroyait contre les envahisseurs romains. Il reçut une éducation exemplaire et grandit sous l’influence de la culture hellénistique et de l’exemple paternel, admirateur d’Alexandre le Grand et de ses conquêtes grandioses. Il accompagna, très tôt, son père Hamilcar en Espagne pour reconstruire la puissance et la richesse de sa patrie et reprendre la guerre contre Rome. A ses côtés, il s’initia rapidement à l’art de la guerre, démontrant des qualités rares comme le courage, la bravoure, l’intelligence, la sobriété, l’endurance et un grand sens des responsabilités envers ses soldats avec lesquels il partageait les dures conditions de vie et auxquels il montrait l’exemple à suivre. Pour cela, il était aimé d’eux et admiré malgré qu’ils soient issus d’horizons différents, car la plupart étaient des mercenaires recrutés par Carthage et ne se battaient que pour l’argent et le butin.
Quand, en -218, éclata la 2e guerre Punique, Hannibal était âgé d’une trentaine d’années et se trouvait en Espagne où il prit possession de la ville de Sagonte, alliée des Romains. Ces derniers s’empressèrent de déclarer la guerre aux Carthaginois car décidés d’en finir avec eux définitivement. C’est là qu’apparut le génie militaire d’Hannibal qui fit de lui l’un des plus grands généraux de tous les temps (au même titre qu’Alexandre le Macédonien, Gengis Khan, Salah Eddine el Ayoubi, Napoléon Bonaparte, et quelques autres qui se comptent sur le bout des doigts). Et pourtant, ce généralissime ne disposait pas de moyens énormes, ou de troupes rompues à la discipline militaire et moins encore de lieutenants capables de lui venir en aide (sauf, peut-être son frère et son beau-frère).
Expédition d’Hannibal en l’Europe méridionale
Hannibal est célèbre pour avoir conçu d’attaquer Rome non pas frontalement, mais en essayant d’en prendre possession par le nord de l’Italie, en suivant une longue courbe qui le conduisit de l’Espagne à travers les hautes montagnes des Pyrénées et des Alpes, après avoir traversé tout le sud de la France. Il avait à peine 90 000 fantassins, 12 000 cavaliers numides et une quarantaine d’éléphants qui semèrent la terreur parmi les légions romaines, pourtant valeureuses et disciplinées ! Ni le long trajet de milliers de km ni le froid et la neige, et encore moins la maladie et le manque de ravitaillement n’entamèrent sa volonté et sa fermeté. La tactique suivie surprit complètement les Romains et leurs alliés qui subirent des défaites cuisantes (Tessin, Trèbie, Trasimène, et surtout la bataille de Cannes, en -216) à tel point que ses adversaires adoptèrent une nouvelle stratégie qui consistait à éviter de se mesurer à lui directement mais à mener une guerre d’escarmouches qui fut payante par la suite.
Retournement de situation, solitude et mort d’Hannibal
Ayant subi beaucoup de pertes sans recevoir des renforts adéquats de Carthage, Hannibal commit, selon les historiens, une erreur fatale et inexplicable : au lieu de se diriger vers Rome et de l’occuper, il temporisa, ce qui permit à cette dernière de se ressaisir et de porter la guerre en Afrique du Nord par le général Scipion l’Africain qui assiégea Carthage. Celle-ci appela Hannibal au secours et il dût quitter l’Italie précipitamment et en désordre. Sur la plaine de Zama (centre de la Tunisie), eut la bataille décisive, en -201, qu’il perdit car les Romains s’étaient alliés à l’aguellid numide, Massinissa, désireux de s’affranchir de l’emprise punique et de fonder un Etat indépendant. Ses fameux cavaliers permirent aux Romains de remporter la victoire finale et d’imposer un traité de paix humiliant à leur rivale, qui stipulait, entre autres, de chasser Hannibal de sa patrie. Alors, il dut s’exiler en Bithynie (Turquie actuelle) où il se donna la mort quand il apprit que son hôte, le roi de ce pays, voulait le livrer à ses ennemis jurés, les Romains, en 183 av. J-C.
Trois décennies après sa disparition, les Romains menèrent une 3e guerre contre Carthage et la brûlèrent après un siège impitoyable de trois années. L’emplacement de cette ville glorieuse fut rasé et interdit à jamais à l’implantation humaine, mais son souvenir et celui d’Hannibal continuèrent, durant des siècles, de hanter la mémoire de Rome et de ses descendants tel un cauchemar angoissant.
hannibal_buste.jpg

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